Calendrier de l’Avent

« 1er jour de l’Avent » annonce Monsieur le calendrier. « Que tous ceux qui veulent participer se rassemblent autour de moi ».

Grand remue-ménage. Les éléments les plus hétéroclites se précipitent pour prendre la première place, celle du 25 décembre naturellement.

Ce sont les chaussures usées qui gagnent la course. Elles s’installent au chaud case 23 et se préparent à revêtir leur parure blanche et laineuse, bien décidées à réchauffer les pieds de la Madone.

Les balais s’agitent, désordonnés et mécontents : « comment faire pour que tout reluise et brille le 25 si nous ne pouvons rien préparer le 24? ». Après maintes discussions, ils s’engouffrent dans la case 21. Tout sera prêt à temps et leurs plumes azur éclaireront le beau jour.

« Non mais, vous ne pouvez pas me laisser la place ? » demande la bouilloire joufflue, rouge de colère. « Comment vont-ils s’occuper du petit si je ne suis pas là pour leur procurer une belle eau chaude et pure ? ».

« glisse-toi case 3 et ronronne tranquille : tu nous serviras le thé en attendant l’arrivée de l’Enfant ».

Le coussin toujours larmoyant se désole de son teint cireux. « Arrête de pleurer et va t’installer case 20 dans la mangeoire. Tu deviendras cocon moelleux pour le petit ».

Le bœuf boueux s’était rapproché du Calendrier pour proposer son aide. « Va d’abord te laver puis reviens t’installer case 11 »

A cet instant précis, une bagarre éclate entre la chaise et l’âne. Elle veut être là pour que les uns et les autres puissent se reposer mais l’âne déclare qu’il doit d’abord chauffer la pièce. Au bord des larmes, la chaise se retire dans un coin tandis que l’animal, très fier, s’installe case 10.

Un fagot de bois et de sarments s’approche à son tour et offre d’élire domicile case 2 : « ils auront besoin de moi pour cuisiner, s’éclairer, se chauffer » déclare-t-il au calendrier. Celui-ci accepte promptement, lui indique la bouilloire qui l’attend avec impatience et ajoute : « pour le chauffage, nous avons déjà l’âne et le bœuf ; pas de concurrence s’il te plaît. Et pour l’ éclairage, j’ai une autre idée ».

Une petite fille très timide attend sagement dans un coin avec sa chèvre. Elle n’ose s’approcher, effrayée par tout ce tintamarre. Le Calendrier la regarde en souriant et lui propose de tirer le lait de sa chèvre pour nourrir la petit famille. Ravie, elle se glisse case 6.

Voici, cahin-caha, la cruche et le plat. Ils bougonnent de concert : « Hé ! Et nous, quelle est note place ? ». Pour les calmer, le calendrier les envoie derechef à côté de la bouilloire et du fagot, cases 4 et 5.

Une femme au visage ridé comme une vieille pomme chevrote : « moi j’ai filé et tissé une belle pièce de tissu pour vêtir tout le monde. Le Calendrier ne veut pas perdre cette petite vieille et son trésor et l’envoie immédiatement case 7 pour commencer à coudre les vêtements de la Madone et de son époux, Joseph, et des langes pour emmailloter le petit.

Monsieur Calendrier voudrait bien faire une petit pause, mais dans la foule, les objets et les gens continuent de se bousculer. Il se frappe soudain le front : où sont les 4 bougies, celles-là même qui vont éclairer l’Avent ? Les enfants allumeront chaque dimanche une bougie et le 4ème dimanche, lorsqu’elles seront toutes allumées, ils sauront que leur attente touche à sa fin : Noël est proche. Les 4 grosses bougies rouges, remplies de leur importance, se dandinent jusqu’à leur case de dimanche respectif (1, 8, 15, 22). Madame la 1ère bougie est déjà allumée case 1 et danse de plaisir.

La petite chaise oubliée lance un « c’est idiot cette histoire de bougie : les enfants n’en ont pas besoin puisque nous sommes tous là ». Le calendrier la regarde sévèrement : « tu dis des sottises, c’est beau la flamme d’une bougie ; ça éclaire, ça danse, c’est joyeux. Va donc t’installer chez la petite vieille et laisse-la s’asseoir pour coudre son tissus. Quand elle aura fini, tu pourras te proposer à ceux qui seront fatigués. »

Une étoile scintillante attire l’attention de Monsieur Calendrier. Il la regarde un peu étonné, elle vient de tellement loin. « Je ne sais pas ce que je vais faire de toi. Reviens plus tard. » L’étoile manque s’évanouir de désespoir. Mais un beau sapin lui offre sa cime pour se reposer et lui déclare : « tu es belle tu sais ! ».

« On a failli oublier le sapin » s’exclame Monsieur Calendrier. Vite, vite : plante-toi bien droit case 16. Je sais bien que dans le pays chaud où vivent Marie et Joseph, il n’y a pas de sapin mais ici, nous n’avons pas de palmier. Fais briller tes aiguilles et tes pommes de pin».

« Mais où sont les guirlandes, les boules de Noël ? » se lamentent de petites voix. Monsieur Calendrier avait oublié les enfants… « c’est à vous de vous en charger » tonne-t-il, tandis que les petits s’éparpillent en hurlant de joie.

Trois messieurs respectables arrivent en grande pompe, chargés de trésors. Tous les objets ce taisent subitement, impressionnés par le faste de ces inconnus. Monsieur Calendrier, furieux, les interpelle : « dites-donc, les Rois Mages, vous êtes en avance et n’avez rien à faire ici. Rentrez chez vous et revenez quand ce sera votre tour, à l’Épiphanie».

« Il ne reste que 7 places » déplore-t-on dans la file. « Nous n’arriveront jamais à rentrer ». Mais Monsieur Calendrier appellent tous les enfants : « A vous de jouer : placez vos objets préférés dans les cases encore vides. N’oubliez pas que l’Avent débute le 1er des 4 dimanches qui précèdent Noël, vous pourriez donc remplir plus que 24 cases. A vous de calculer, un peu d’arithmétique ne vous fera pas de mal !… Et n’oubliez pas le petit Jésus case 24 tout de même…»

Nous voici presque à la fin de cette histoire. Monsieur Calendrier regarde cette œuvre : c’est beau, rempli de couleurs, de joie. Il y a même des petites douceurs, chocolats et bonbons sucrés cachés ça et là dans les cases. L’étoile brille au dessus du sapin pour éclairer le chemin des visiteurs. Tout est prêt pour célébrer cette belle fête : Joyeux Noël !

2021

Comments:

  • septembre 10, 2022

    Thanks for your blog, nice to read. Do not stop.

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